Durant le mois de “Kartik” dans le calendrier « Vikram Shambat » (fin septembre début octobre), les Népalais se livrent aux célébrations de la fête le plus importante de l’année, Dashain. Dashain est la plus longue et la plus généreuse fête du calendrier népalais, célébrée par toutes les castes et toutes les croyances au travers le pays. Les quinze jours de célébration se déroulent durant la dernière quinzaine de la lune claire et le jour de la pleine lune.
Partout dans le pays la déesse Durga est vénérée par d’innombrables pujas (prières), par d’abondantes offrandes et des milliers de sacrifices animaux pour un bain rituel sacré, baignant ainsi la déesse dans le sang durant plusieurs jours.
Dashain commémore une grande victoire des dieux sur les cruels démons. L’une des histoires de cette victoire est racontée dans le Ramayana, le seigneur Ram après une grande bataille massacra Ravana, le monstrueux roi des démons. On raconte que le seigneur Ram gagna la bataille uniquement lorsqu’il invoqua la déesse Durga. La principale célébration glorifie le triomphe du bien sur le mal qui est symbolisée par la déesse Durga pourfendant le terrible démon Mahisasur, qui terrorise la terre sous l’aspect d’un terrible buffle. Les neuf premiers jours représentent les neuf jours de la féroce bataille entre la déesse Durga et le démon Mahisasur. Le dixième jour est le jour où le démon Mahisasur fut vaincu et les cinq derniers jours sont la célébration de la victoire de la déesse bénite. Dashain est célébrée dans une grande réjouissance et Durga est vénérée partout dans le pays comme la déesse mère.
Lors des préparatifs, toutes les maisons sont nettoyées et joliment décorées, peintes pour accueillir la déesse mère, de façon à ce qu’elle puisse visiter et bénir chaque maison dans une perspective de chance et de bonheur. Durant ces moments, les parents proches ou éloignés, se réunissent dans les foyers. Les marchés sont remplis d’une foule de vêtements neufs et recherchés, de cadeaux, d’objets luxueux, et d’offrandes qui seront offertes aux dieux, mais aussi de denrées alimentaires pour les fêtes de famille. Des milliers de moutons, chèvres, canards, poulets, buffles sont préparés pour le grand sacrifice. Tout est fermé pendant dix à quinze jours. Il est impossible de trouver des ouvriers, pauvres comme riches sont d’humeur festive. N’importe où que vous alliez, vous sentez les arômes de « Vijaya Dashami »
Le premier des neuf jours est appelé « Nawa Ratri », lorsque se déroulent les rites tantriques. Au Népal, la force de vie est incarnée dans l’énergie divine et le pouvoir féminin représentés par la déesse Durga sous diverses formes. Chaque divinité qui émane de la déesse Durga est reconnue comme un don, chacune ayant des aspects et des pouvoirs différents. Dans la plupart des temples de la déesse mère, la déité est représentée comme un « Kalash » sacré (un pot sacré), un pot à eau sculpté. Durant les neuf jours, les personnes présentent leurs hommages à la déesse. Si elle est correctement adorée et contente, le dévot aura de la chance ; si elle est contrariée par de la négligence, la malchance sera au coin de la rue. La déesse mère est source e vie et de toutes choses.
Le premier jour de Dashain est appelé « Ghatasthapana » qui signifie littéralement « mettre en place le pot ». Ce jour, le « Kalash » (le pot sacré), symbolisant la déesse Durga, souvent avec son image figurant en relief, est placé dans la pièce où l’on prie. Le Kalash est rempli d’eau sacrée et couvert de bouse de vache sur laquelle sont semée des graines. Un petit rectangle de sable est fait et le Kalash est disposé en son centre. Le lit de sable autour du pot est aussi semé de graines. Le rituel de « Ghatasthapana » est accompli à un moment prometteur déterminé par les astrologues. A ce moment particulier le prêtre psalmodie la bienvenue, réclamant que la déesse Durga bénisse le Kalash de sa présence.
La pièce où est installé le Kalash est appelé « Dashain Ghar ». Généralement les femmes ne sont pas autorisées à entrer dans la pièce où sont pratiquées les Puja pour Dashain. Un prêtre ou le maître de maison effectue le rituel envers le « Kalash » une fois le matin et une fois le soir. Le « Kalash » et le sable sont humectés chaque jour d’eau sacrée et sont protégés des rayons du soleil. Pour dixième jour les graines auront poussées de 10 à 15 centimètres en une herbe jaune. Ces jeunes pousses jaunes sont sacrées et sont appelée « Jamara ». Elle seront déposées par les aînés sur le haut de la tête des plus jeunes durant les cinq derniers jours, en même temps que la pose du tika. Le « jamara » est considéré comme un signe de la Déesse Durga autant qu’une bénédiction des aînés.
Les jours passent et des rituels réguliers sont observés jusqu’au septième jour. Le septième jour est appelé « Fulpati ». Ce jour le Jamara qui a été utilisé par la maison royal est apporté de la maison royale des ancêtres, située à Gorkha, jusqu’à Kathmandu, en parcourant les cent soixante neuf kilomètres au travers les collines du Nord ouest. Une parade se tient sur « Hanuman Dhoka », place de l’ancien palais royal. La procession de Fulpati, qui apporte le « Jamara » et tout ce qui est nécessaire à la remise du Tika arrive de Gorkha après trois jours de marche et la plupart des responsables gouvernementaux et hauts fonctionnaires attendent avec enthousiasme la parade de « Fulpati » qui arrive dans l’après-midi à Rani Pokhari (bassin sacré de Kathmandu). Le quartier de Rani Pokhari est rempli de centaines d’officiels méticuleusement vêtus du costume traditionnel.
A l’occasion de Fulpati, le « Kalash » royal rempli d’eau sacrée, des régimes de bananes, le « jamara » et une canne à sucre, noués d’un ruban rouge, sont portés par des Brahmans de l’antique maison royale assis sur un palanquin décoré et sous une ombrelle brodée d’or et ayant une pointe dorée, conduits par un peloton militaire du prêtre royal. Les officiels gouvernementaux se joignent aussi à la parade. Bien que la parade de Fulpati soit conduite vers le vieux palais royal, Sa Majesté le Roi observe les cérémonies, ayant pris place à Thundikel, la parade militaire traversant la ville. Ainsi se déroule un majestueux défilé de l’Armée du Népal. Des coups de feu sont tirés qui résonnent dans toute la vallée. Les salves de coups de feu durent dix à quinze minutes en l’honneur de Fulpati. Au moment où la cérémonie de Fulpati royal se termine, commencent les festivités de Dashain.
Le huitième jour est appelé « Maha Asthami ». La ferveur des cultes et des sacrifices en l’honneur de Durga et de Kali augmente. Ce jour de nombreux hindous orthodoxes jeûnent. Des sacrifices ont lieu dans presque toutes les maisons tout le long de la journée. La nuit du huitième jour est appelée « Kal Ratri », la nuit sombre. Des centaines de chèvres, de moutons, de buffles sont sacrifiés dans les temples de la déesse mère. Dans l’obscurité de la nuit, les temples de Durga, les casernes, les vieux palais partout au Népal sont les lieux de sacrifices pour la déesse mère. Les sacrifices continuent jusqu’à l’aube. On s’active toute la nuit dans le vieux palais de la place Basantpur et de Hanuman Dhoka, avec des cérémonies rituelles dans presque toutes les cours. Pendant que les puja (rituels) sont pratiqués, de grandes fêtes se déroulent dans les maisons et de grandes quantités de viande sont consommées.
Le neuvième jour est appelé« Nawami ». Le temple de Taléju (divinité tutélaire du Népal) sur la place Hanuman Dhoka est ouvert au public une seule fois par an lors de Nawami. Des milliers de personnes se rendent à ce temple pour prier et faire allégeance à la Déesse. Les temples de la déesse mère sont remplis de monde de l’aube jusqu’au crépuscule. Ce jour se tient des sacrifices pour les officiels militaires dans la cour « Kot » à Hanuman Dhoka. Le gouvernement autorise des étrangers à assister aux cérémonies. Ainsi des centaines de touristes et diplomates se rassemble ici avec enthousiasme. Des animaux, principalement des buffles noirs sont abattus par centaines en l’honneur de Durga, la Déesse de la victoire et de la puissance pour rechercher sa bénédiction. Des groupes de soldats jouent des airs militaires, des armes retentissent et des officiers en grand uniforme, portant leurs médailles, se tiennent au garde à vous. Quand les cérémonies se terminent, la cour est remplie de sang jusqu’aux chevilles. Ce jour ci le Dieu « Vishwas Karma », le Dieu de la créativité est aussi adoré. Toutes les usines, les véhicules, et instruments divers qui servent à gagner sa vie, sont l’objet de culte. Il y a aussi des cultes pour tous les engins qui se déplacent comme les voitures, les avions, les camions, en vue d’obtenir leur protection par la déesse Durga, ainsi que pour leurs occupants contre les accidents durant toute l’année. La journée entière est pleine de couleurs.
Le dixième jour est appelé « Dashami ». Ce jour ci on se fait remettre le tika et le « Jamara » par les aînés pour recevoir leur bénédiction.
On visite nos aînés chez eux et on se fait remettre le tika, tandis que nos cadets viennent nous voir chez nous pour que nous leurs remettions le tika. L’importance de Dashain tient au fait que ce jour là les membres d’une famille, proches ou éloignés se rendent visite pour recevoir le tika et le « jamara », depuis le plus ancien. Cette cérémonie dure quatre jours. Le Roi reçoit aussi le tika du prêtre royal et ensuite le donne à ses loyaux sujets. Des milliers de népalais, autant que des étrangers, reçoive le tika de Sa Majesté le Roi, comme un signe de chance. Après quatre jours de précipitations et de rencontres entre parents, Dashain se termine le jour de la pleine lune, le quinzième jour. Le dernier jour les gens restent à la maison et se reposent. Le jour de la pleine lune est aussi appelé « Kojagrata », ce qui signifie « celui qui est réveillé ». La Déesse Hindoue de la richesse « Laxmi » est priée ; Ce jour là la Déesse Laxmi est une incitation à rendre visite à chacun.